Violente répression des manifestations populaires par le régime pro-européen en Espagne

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par Andrée OGER

 

La droite au pouvoir en Espagne l'avait annoncé : elle ne tolérerait pas les manifestations populaires organisées hier, mardi 25 septembre.

A l'initiative des indignés espagnols et de dizaines d'organisations citoyennes, syndicats et partis politiques, une grande mobilisation populaire était organisée hier autour du Parlement espagnol, pour protester contre un nouveau plan de mesures d'austérité. Les protestataires voulaient ainsi relayer l'opinion très majoritaire des espagnols auprès de parlementaires sensés le peuple.

La droite espagnole (Parti Populaire issu du franquisme et allié de l'UMP) avait clairement annoncé ses intentions de criminaliser la manifestation. Non seulement elle parlait de poursuivre pénalement les organisateurs, mais elle comparait cette mobilisation à la tentative de coup d'état de militaires franquistes le 23 février 1982 ! Très fort quand on connait les origines du Parti Populaire et son refus de criminaliser le régime de Franco !

Espagne-2012--Place-Neptune---Madrid---250912.jpgHier, ce sont des dizaines de milliers d'espagnols qui se sont rejoints aux abords du Parlement espagnol (Les Cortes) en provenance de plusieurs points de départ différents. Jeunes, étudiants ou chômeurs, salariés, retraités,...

Il y avait là toute la société espagnole, une société touchée par un chômage désormais à 25 %, sans perspectives, et qui voit fondre ses revenus et ses acquis sociaux pour permettre aux banques espagnoles et étrangères de gonfler leurs bénéfices.

Vers la fin du rassemblement, des dizaines de personnes encapuchonnées ont commencé ici et là à créer des incidents, balançant des projectiles sur la police et poussant les manifestants à en faire de même. Ce qu'ils n'ont pas fait.

Ces provocations ont servi de justification à la police espagnole pour réprimer violemment les manifestants et arrêter des dizaines d'entre eux.

Curieusement, certains de ces provocateurs ont contribué à l'arrestation de manifestants selon des images diffusées par la télévision espagnole ! Cette technique d'infiltration d'une manifestation pacifique pour créer des incidents et justifier des charges policières et des arrestations est largement connue et pratiquer dans nos soit-disantes démocraties.

Rappelez-vous des images de ce provocateur en cirée jaune lors des manifestations contre le projet Devaquet en 1986 ! Les années suivantes, des individus identiques ont sévi dans tous les mouvements lycéens et étudiants : je me souviens personnellement d'un groupe de quadragénaires en civil au beau milieu de la place de la Nation, à Paris, au moment de la dispersion d'une manifestation contre la réforme Bayrou, en 1992.

En Espagne, hier, cette technique pour décrédibiliser le mouvement anti-austérité et justifier les violences policières aura causé des dizaines de blessés côté manifestants et... 2 du côté des policiers. Un manifestant a subi de telles violences que sa moëlle épinière est atteinte et qu'il risque la paralysie !

Les images de la télévision publique espagnole en bas de cet article illustrent mes propos.

Dès ce matin, à la tribune de l'ONU, la présidente argentine a dénoncé publiquement ces violences policières. C'est vrai qu'elle fait partie d'un gouvernement progressiste, elle, dans un pays qui a su dire NON au diktat des banques et des multinationales dans les années 90, sauvant son économie et son peuple d'une crise dramatique.

Comme en Grèce, les régimes pro-européens sont prêts à toutes les violences physiques pour soumettre leurs peuples aux mesures monstrueuses et inhumaines qu'exigent l'Europe, la Banque Centrale Européenne et le FMI pour le compte de la finance et des multinationales.

Cette répression d'une manifestation populaire en Espagne, après celles contre le mouvement des mineurs avant l'été, montre le vrai visage de nos démocraties occidentales.

Comme le disait Coluche, "La dictature c'est ferme ta gueule ! La démocratie, c'est cause toujours !". On serait tenté de dire que la démocratie occidentale, c'est cause toujours... tant que cela n'a aucun effet ! Le jour où le peuple se mobilise suffisamment pour mettre en danger les choix politiques de nos "élites" économiques et politiques, le masque tombe, et, avec, les coups de matraque.

Alors que nos médias et nos grands défenseurs des Droits de l'Homme pleurent des larmes de crocodile quand ses répressions touchent les peuples libyens ou syriens, les voilà bien silencieux quand ces violences concernent des peuples dont les régimes sont nos alliés, à Bahreïn ou en Espagne, par exemple.

Comme on l'a vu en 1986, avec la mort de Malik Oussekine, et comme on le voit à chaque occupation d'entreprise, les forces de l'ordre sont utilisées par l'Etat français uniquement pour défendre la propriété privée et l'ordre établi, jamais pour défendre les intérêts de la Nation, en termes d'emplois notamment.

Il est clair que si le peuple français haussait la voix suffisament fort pour refuser l'austérité et la soumission au monde de la finance, nos forces de l'ordre seraient là pour briser le mouvement populaire.

C'est pour cela que les travailleurs français doivent regarder ce qu'il se passe de l'autre côté des Pyrénées et être solidaires des luttes espagnoles contre une dictature de la finance qui tôt ou tard nous submergera.

 

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=YKiIiuIA3jc&feature=player_embedded

Publié dans ECONOMIE

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