Quand un prix Nobel d'économie démolit les politiques d'austérité.

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L'Humanité de lundi contenait une édifiante interview du prix Nobel d'économie 2001, Joseph Stiglitz.

En quelques questions, ce citoyen des Etats-Unis, reconnu pour ses théories qualifiées de néo-keynésianistes, a été économiste en chef à la Banque Mondiale jusqu'en 2000, avant d'en claquer la porte.

C'est donc une personnalité compétente et reconnue qui démolit trente ans de libéralisme et hurle après les politiques d'austérité qui, de tout temps, ont entrainé des catastrophes économiques et sociales.

Il est heureux de voir cet économiste confirmer ce que les chiffres disent (et pas nos médias), c'est à dire que "ces deux dernières décennies, toutes les augmentations de richesse sont allées tout en haut de l'échelle sociale".

Où l'on retrouve l'esprit de Warren Buffet, l'un des hommes les plus riches du Monde, qui exigeait de pouvoir payer au moins "autant d'impôts que sa secrétaire" ! Pendant ce temps, le candidat républicain aux Présidentielles des Etats-Unis, lui, veut encore baisser les impôts et taxes sur les plus riches. Aveuglement idéologique !

Solidaire


Extraits de l'article paru dans l'Humanité du lundi 10 septembre.

« L'Humanité » : comment expliquer l'acharnement à imposer des politiques d'austérité un peu partout alors qu'ils sont injustifiables économiquement ».
Joseph Stiglitz : « c'est pour moi un véritable mystère. Nous avons expérimenté de telles politiques d'austérité des dizaines de fois et, à chaque fois, cela a été un échec. En 1929 cela a été le cas avec le président des États-Unis Herbert Hoover qui a transformé l'effondrement de la bourse en une grande dépression. Plus récemment, le FMI a fait pareil dans le Sud-Est asiatique et en Argentine et cela a été un désastre. La plupart des pays européens qui ont engagé politique d'austérité sont maintenant en récession ; l’Espagne, la Grèce sont en dépression. Compte tenu toutes ces expériences, la possibilité pour les politiques d'austérité de réussir parait minime. La plus forte probabilité est que l'économie cesse de croitre, les recettes fiscales cessent d'augmenter, les dépenses sociales et le chômage continuent d’augmenter et que au final, les améliorations budgétaires espérées ne soient pas au rendez-vous ».

« L’Humanité »: suffit-t-il qu'il y ait un bon état pour sortir de la crise ? »
Joseph Stiglitz: « c'est complexe, car, qu'entendez-vous par un « bon état » ? On peut avoir un État bien intentionné qui ne comprend rien à l'économie ou qui croit que l'austérité ça fonctionne. Mais s'il met en œuvre une politique d'austérité, aussi bien intentionnée soit-il, il est probable que le résultat ne sera pas bon. D'un autre côté, si vous avez un État qui reflète l'intérêt des banquiers, on peut être certain qu'il sera incapable de sortir de la crise d'une manière qui serait profitable à la plupart des citoyens. »

Publié dans ECONOMIE

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