Bien que la récession menace toute l'Europe, les gouvernements continuent de prôner l'austérité

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Par Andrée OGER

 

Trente ans de libéralisme et plus de vingt de mesures d'austérité mènent l'Europe vers la faillite publique et la récession économique. Et pourtant, c'est encore plus d'austérité pour les peuples et de cadeaux aux entreprises qui sont prônés !

Jusqu'à présent, les vilains petits canards de l'Europe s'appelaient Grèce, Espagne, Portugal, Irlande ou Italie. Des vilains canards ou plutôt des porcs, comme les ont méprisablement appelés certains "experts" anglo-saxons. PIIGS (Pigs = porcs en anglais) si l'on reprend la première lettre de chacun de ces pays en anglais.

Sauf que l'économie anglaise n'est pas non plus au mieux, tout comme de nombreux pays qui jusque là faisaient mine de s'en sortir, comme la Slovénie ou la république tchèque. Là bas aussi, chômage et austérité sont appliqués.

Ce que ne nous disent pas les médias, c'est que certains pays jusque là épargnés rejoignent aussi la liste des économies qui se fragilisent. C'est ainsi que la Finlande et l'Allemagne sont en train de voir leur taux croissance virer au rouge.

Et oui ! L'Allemagne aussi !

La mesure de la croissance se fait sur l'évolution du Produit Intérieur Brut, en fait l'ensemble des richesses créées par un pays sur une période donnée. Ainsi, des économies sont officiellement en récession car elles produisent moins de richesses sur deux trimestres consécutifs comparés aux trimestres équivalents l'année précédente. La Grèce s'attend à une baisse effrayante de 7 % de son PIB sur 2012 ! A la baisse, il y a aussi l'Espagne, l'Italie ou le Portugal, et même le Royaume-Uni et la Belgique !

Depuis des lustres, on nous vante le modèle allemand, sans bien nous préciser ce qu'il y a de fort dans ce modèle en dehors d'une affirmation sournoise sur le nombre de jours de congés inférieur en Allemagne par rapport à la France. Comme si l'économie se limitait à ce facteur ?

Recession-Europe-estimee-sur-2012.jpgSauf que l'Allemagne commence aussi à décrocher, la faute aux exportations. Son taux de croissance du deuxième trimestre 2012 n'est que de 0,3 %, bien mieux que le 0 % français, certes, mais loin d'une économie dynamique comme celle de la Chine qui tourne autour des 7 à 10 % de croissance annuelle.

C'est que nos experts en mondialisation oublient que l'Allemagne exporte beaucoup, en Europe notamment, et que, si ses partenaires européens vont mal, ils importent moins. Cqfd !

Cette situation est le constat d'un échec, celui de la politique économique et financière menée ces dernières années.

L'idée que le capitalisme se régule lui-même et qu'il faut réduire le "coût" du travail et les dépenses de l'Etat pour que tout aille mieux, cette idée montre à quel point elle est néfaste pour nos sociétés et nos économies.

Trente ans de libéralisme, d'ouverture de nos frontières aux importations et de mise en concurrence des travailleurs du monde entier n'ont abouti qu'à faire fondre les effectifs industriels partout en Europe, nous rendant dépendant des importations, à faire baisser le pouvoir d'achat des salariés et à précariser nos vies, en faisant flamber le chômage et la précarité de l'emploi.

Pire ! Ces trente ans de libéralisme ont ouvert la voix à la financiarisation de l'économie et au krach financier de 2008 qui a aggravé la crise du capitalisme.

Depuis 2008, pour soi-disant sortir de la crise, ce sont les mêmes politiques de rigueur qui sont appliquées mais à la puissance dix !

Pourquoi continuer à appliquer des politiques qui nous ont mené à la crise et qui conduisent nos économies vers la récession ?

Non ! Nos gouvernants ne sont pas idiots ! Ils savent au contraire très bien ce qu'ils font.

Pour nos gouvernants, il ne s'agit pas de résoudre la crise et de combattre le chômage et la pauvreté mais de permettre la pérénnisation du système capitaliste qui permet à une minorité de familles de profiter d'une majorité des richesses produites.

Sauver le système financier est donc une priorité. Maintenir ou augmenter les taux de profits sont des priorités. Maintenir une pression sur les travailleurs par la peur du chômage et un discours catastrophiste sur les finances publiques, c'est un moyen de sauver ce système.

La contrepartie de ces choix, c'est que les difficultés s'aggravent pour de très nombreux citoyens, au point que certains logent au camping, que certains se privent de repas pour leurs enfants, que certains ne se soignent plus, etc.

Cette misère qui grandit n'est pas un problème pour nos dirigeants et les quelques milliers de riches familles qui profitent du système ! C'est ce qu'a connu l'Europe aux débuts du capitalisme quand le mouvement ouvrier ne s'était pas encore organisé, qu'il n'avait pas encore lutté pour exiger des droits et des conditions de vie décentes !

L'Europe perd des capacités de production et perd des emplois. C'est vrai ! L'Europe voit le chômage et la misère augmenter. C'est vrai aussi. C'est également vrai que la croissance n'est plus au rendez-vous et que l'avenir parait sombre.

Mais cela n'a pas d'importance tant que les riches continuent de s'enrichir, tant que les profits augmentent et que les spéculateurs font de gros bénéfices sur les emplois, les matières premières, le pétrole et les denrées alimentaires.

Ce système n'est pas moral. Il est cynique.

C'est en connaissance de cause qu'il faut s'attaquer à ce système.

Compter sur les grandes entreprises pour assurer la croissance, c'est compter sur le virus du SIDA pour défendre le corps humain des infections.

Continuer à faire des cadeaux aux entreprises et augmenter des taxes payées par les salariés, TVA ou CSG, c'est poursuivre les mêmes politiques que celles qui sont menées depuis trente ans. Des recettes qui ne font qu'empoisonner nos vies.

L'austérité de la Règle d'or que veulent nous imposer les gouvernements européens et Bruxelles au travers du nouveau traité Merkozy, ce sont des politiques qui ne feront que garantir aux spéculateurs et aux riches bourgeois la pérennité de leurs avantages sur le dos de la population.

Combattre l'austérité et combattre le nouveau traité européen, c'est combattre pour le retour de la croissance et pour une nouvelle redistribution des richesses.

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