AAA : Ah ! Ah ! Ah ! La belle Arnaque !

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Par Andrée OGER

 

Dégradée qu'elle est la France ! Dégradée auprès d'un organisme privé au service des marchés financiers.

Comme Dreyfus en son temps, notre pays a perdu ses galons. Des galons de vertu financière attribué non pas par un organisme indépendant, neutre et sur des critères objectifs, mais par une officine privée, incontrôlable, selon des critères propres aux marchés financiers.

Mais depuis quand un pays libre de 65 millions d'habitants doit-il rendre des comptes à une poignée de bureaucrates au services de quelques milliers de richissimes spéculateurs ?

L'Etat est-il au service de la Nation ou au service des marchés financiers ?

Le bruit et les commentaires provoqués par cette perte du 20 sur 20 donne la réponse : notre gouvernement et, avec, notre Etat, sont au service des marchés financiers.

Pour ceux qui ont lu Marx, ou qui en connaissent les grandes lignes, il n'y a rien de surprenant : l'Etat est au service de la classe dominante, quelle que soit la période historique. Le système économique est le reflet de cette domination de classe : en système capitaliste, la classe dominante est celle qui détient le capital (grands patrons, spéculateurs et rentiers) et l'Etat est au service de cette classe, qu'il cherche à satisfaire.

Rien de surprenant donc à ce que notre gouvernement, ouvertement lié à quelques riches familles françaises et ouvertement libéral, ait les yeux rivés sur les marchés et l'avis de leurs experts, les agences de notation !

Par contre, ce déclassement n'est pas à prendre à la légère !

Non pas que l'avis de ces agences importe les communistes que nous sommes ! Loin de là !

Mais, ce déclassement va provoquer automatiquement une hausse des taux de l'argent emprunté par la France chaque année. Et cela va automatiquement gonflé l'enveloppe des emprunts à rembourser donc les déficits publics qui justifient justement ce déclassement. Un cercle vicieux  qui enfonce actuellement la Grèce, l'Espagne ou l'Italie.

Pour cette raison, la droite (et peut-être certains se disant de gauche) va se saisir de l'occasion pour affirmer qu'il n'y a qu'une seule façon de s'en sortir : accentuer encore plus la rigueur, c'est à dire réduire encore plus les investissements de l'Etat, réduire le nombre d'emplois publics, réduire les avantages sociaux, augmenter de nouvelles taxes, inciter à la "modération" salariale, etc... En clair, pressurer un peu plus les salariés et retraités et provoquer une hausse du chômage et une réduction de la croissance. Ce qui justifiera de nouvelles mesures d'austérité dans quelques temps.

Mais, pendant que les médias et le gouvernement agitent devant nos yeux l'épouvantail de la dette, les bénéfices des grandes entreprises se portent à merveille ! Merci pour elles !

Au regard des résultats de 2011, les entreprises du CAC 40 vont verser 37,2 milliards d'euros à leurs actionnaires. Ce résultat est en retrait sur ceux de 2010, qui avaient permis aux actionnaires de ces 40 entreprises de se partager 40,2 milliards d'euros : spéculer, ça eut payé !

Le top 10 du classement regroupe les fleurons de notre économie. Leurs actionnaires vont se partager :

1. Total: 5,38 milliards d’euros
2. France Telecom-Orange: 3,71 milliards d'euros
3. Sanofi-Aventis: 3,48 milliards d’euros
4. GDF-Suez: 3,38 milliards d’euros
5. EDF: 2,13 milliards d’euros
6. BNP Paribas: 1,98 milliard d’euros
7. Vivendi: 1,81 milliard d’euros
8. Axa: 1,63 milliard d’euros
9. LVMH: 1,22 milliard d’euros
10. L’Oréal: 1,17 milliard d’euros

Vous noterez qu'on retrouve en haut du classement des entreprises du secteur de l'énergie (Total, Edf, GDF),  le géant des télécoms (France-Télécom), une banque et une assurance (BNP-Paribas et Axa), le géant de l'eau Vivendi et des entreprises du luxe !

Et dire que certains se plaignent de la flambée des carburants, de l'électricité et du gaz ! Et dire que certains disent que les banques se sucrent sur le dos de l'Etat et de leurs clients, tout comme les assurance ! Faut bien que vivent les actionnaires ! ? Manquerait plus qu'on leur demande de travailler ! C'est pas le socialisme ici !...

Il est notable aussi que dans cette liste, les principaux services offerts par ces entreprises peuvent être considérés comme des services d'utilité publics, des services vitaux aujourd'hui, et qui viennent d'entreprises privatisées ces 20 dernières années ! Les gouvernements successifs ne se sont pas trompés en privatisant des entreprises à fort potentiel de rentabilité, œuvrant sur des secteurs que la population ne peut pas éviter : les carburants (Total), le chauffage et l'énergie (EDF, GDF-Suez), l'eau et l'assainissement (Vivendi, GDF-Suez), les télécoms (France télécom), les médicaments (Sanofi-Aventis).

Les chiffres sur les grandes fortunes de France montrent aussi que la haute bourgeoisie ne s'est jamais aussi bien portée.

En clair, cette histoire de triple A apparait clairement comme une illustration supplémentaire de la soumission de plus en plus forte de notre économie et de notre gouvernement aux volontés des spéculateurs financiers.

C'est aussi la démonstration que la politique gouvernementale est un échec dans ce qu'elle disait vouloir éviter : le déclassement de notre pays.

C'est enfin le constat des résultats négatifs de notre gouvernement en matière économique et sociale alors qu'une petite minorité de riches français continue de voir progresser son immense fortune.

La solution ne repose pas dans des efforts pour récupérer le triple A, ni dans une austérité pour rembourser une dette contractée par Sarkozy et la droite pour éponger les ardoises des banques et du secteur de la finance.

La solution repose dans ce que propose le Front de Gauche avec les communistes, dans la création d'un pôle public financier pour financer les investissements publics, relancer les activités productives créatrices de richesses, comme M-real à Alizay et, ainsi, relancer la croissance, les salaires et la consommation.

Publié dans POLITIQUE INTERIEURE

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