Communiqué du groupe « Front de gauche » du Conseil Régional de Midi-Pyrénées

Publié le

fdg1

 

Lors de la commission permanente du jeudi 10 février, le groupe du Front de gauche est intervenu avec force afin que soit repoussé le vote du financement, à hauteur de 33 000 euros, d’une mission économique en Israël.

 

Il était déjà intervenu à plusieurs occasions pour que cette délibération soit retirée de l’ordre du jour.

 

Le groupe du Front de gauche considère, en effet, que la Région Midi-Pyrénées, et tout particulièrement sa majorité, élue sur l’engagement progressiste de contribuer à la paix et à la justice à l’occasion de ses actions de coopération internationale, ne saurait d’aucune manière apporter son concours à la politique guerrière du gouvernement de Benyamin NETANYAHOU, à l’annexion rampante de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie, au blocus meurtrier de Gaza.

 

La Région Midi-Pyrénéesdoit, au contraire, exprimer fortement l’exigence d’une paix dans la justice entre Palestiniens et Israéliens, sur la base des résolutions des Nations unies. Comme elle en avait manifesté la volonté à la suite de l’assaut donné, en juin 2010, à la flottille humanitaire se portant au secours de la population de Gaza.

 

Au vu des données fournies à la Commission permanente, le groupe du Front de gauche a considéré que la mission économique envisagée pour le mois de mai ne s’inscrivait pas dans le prolongement de cette démarche.

 

C’est en son nom que Christian PICQUET est intervenu, ce 10 février (intervention ci-jointe). Et que ses élus, ainsi que ceux d’Europe écologie-Les Verts, ont voté contre la délibération.

 

 

picquet

Le 11 février 2011

 

 

À PROPOS DU FINANCEMENT D’UNE MISSION ÉCONOMIQUE EN ISRAËL

INTERVENTION DE CHRISTIAN PICQUET,

(AU NOM DU GROUPE « FRONT DE GAUCHE »)

À LA COMMISSION PERMANENTE DU 10 FÉVRIER 2011

 

 

Monsieur le Président,

 

Je voudrais intervenir sur un aspect de la délibération qui nous est aujourd’hui soumise et qui porte sur le financement, à hauteur de 33 000 euros, d’une mission économique en Israël. Madame VIEU et moi-même, tout comme nos collègue d’Europe écologie, avons déjà eu l’occasion de soulever le problème que ce financement posait, dans le cadre de la commission « Industrie ».

 

En préalable, et afin qu’il n’existe aucune ambiguïté sur le sens de notre démarche, vous me permettrez de formuler trois remarques.

 

Nous connaissons, Monsieur le Président, votre attachement personnel à la cause de la paix au Proche-Orient et l’importance que vous avez accordée aux actions de coopération avec la représentation nationale du peuple palestinien.

 

Nous nous honorons, de ce point de vue, d’appartenir à cette majorité régionale qui a eu l’occasion, en particulier après l’arraisonnement sanglant du Mavi Marmara par les unités israéliennes en juin 2010, d’affirmer son engagement en faveur d’une paix dans la justice, c’est-à-dire sur la base des résolutions des Nations unies, entre les deux nations présentes sur la même terre, ces deux nations devant pouvoir coexister en voyant leurs souverainetés respectives garanties.

 

Enfin, dernière remarque préalable, nous ne contestons nullement le principe en lui-même de partenariats avec l’État d’Israël, pourvu que lesdits partenariats ne viennent pas bafouer le droit international par la caution qu’ils apporteraient à la politique d’annexion des territoires palestiniens à laquelle se livrent les autorités actuelles d’Israël.

 

Mais la délibération qui nous est aujourd’hui soumise nous paraît revêtir une dimension politique de nature à brouiller la position de notre Région.

 

Le maître d’œuvre de cette mission est M. Daniel ABEHSERA qui, outre la présidence de la Délégation midi-pyrénéenne de la Chambre de commerce France-Israël, est aussi le président pour l’Europe du groupe Israel Aerospace Industrie, numéro un mondial de la fabrication de drones. Drones, je le précise, de renseignement autant que drones offensifs dont l’action a causé d’innombrables victimes, la plupart civiles, sur les théâtres d’opération où ils ont été utilisés, notamment lorsqu’il s’agissait d’éliminer telle ou telle personnalité palestinienne.

 

Ce sont les propos tenus par M. ABEHSERA, sur les ondes de Radio-Shalom voilà quelque temps, qui nous ont particulièrement conduits à soulever la question de ce financement régional, avec la force que vous savez.

 

M. ABEHSERA expliquait, au cours de cet entretien, je le cite : « Pour tout ce qui est lié à la commercialisation de nos produits, il y a une forte composante politique. En ce sens, nous sortons du domaine de l’industrie traditionnelle. »

 

À elle seule, Mes Chers Collègues, une pareille déclaration aurait dû suffire à nous rendre prudents… pour ne pas dire suspicieux.  D’autant que nous savons tous à quel point activités économiques civiles et domaines relevant du militaire se trouvent liés en Israël. Et que nous savons tous combien les dirigeants israéliens excellent à mélanger le développement économique de l’État d’Israël, dans les frontières que lui reconnaissent les Nations unies, et les menées des gouvernants de cet État dans les territoires que la même ONU considère illégalement occupés depuis 1967.

 

Dans les réponses que vous avez bien voulu apporter à nos demandes, ainsi qu’aux associations qui sont intervenues, vous avez assorti le vote de notre Commission permanente de trois conditions : 1. Que seules des PME de Midi-Pyrénées soient éligibles à l’aide régionale. 2. Que les PME de Midi-Pyrénées ne relèvent pas du secteur de la défense. 3. Que les échanges à venir dans le prolongement de cette mission économique s’effectuent dans le respect de l’arrêt BRITA et de la réglementation européenne.

 

Nous prenons acte de ces engagements, et nous les considérons comme très positifs. De même, nous nous félicitons de l’engagement pris à la suite de notre intervention, de rendre publics les entreprises et projets économiques qui seront financés.

 

Cela dit, au vu des déclarations citées de M. ABEHSERA, au vu surtout de la pratique des autorités de l’État d’Israël autant que des entreprises israéliennes, - qui ne distinguent pas, nous ne pouvons l’ignorer, entre l’État d’Israël dans les frontières que lui reconnaît la communauté internationale et les territoires occupés depuis 1967 au mépris de toutes les résolutions des Nations unies sur la question -, nous n’aurons aucune garantie que des PME de notre Région ne se trouvent pas, même à leur insu, engagées dans des activités relevant de l’annexion aujourd’hui très largement engagée de la Cisjordanie et de Jérusalem-est. Cela peut parfaitement être le cas dans des domaines tels que le tourisme, l’eau, l’immobilier, l’agro-alimentaire, voire indirectement l’armement.

 

De sorte que notre Région peut, en votant cette subvention, être amenée à cautionner une politique, celle de MM. NETANYAHOU et LIBERMAN pour être précis, dont le grand écrivain israélien Amos OZ lui-même a dit tout le mal qu’il fallait en penser.

 

C’est pour cette raison, Monsieur le Président, que nous vous avions sollicité afin que cette délibération soit retirée de l’ordre du jour de cette Commission permanente.

 

Et c’est pour cette raison, notre demande n’ayant pas été prise en compte, que nous vous demandons, Mes Chers Collègues, de voter contre cette subvention, qui est de nature à délivrer un message contraire aux engagements de notre majorité régionale.

 

palestine.jpg

Publié dans PALESTINE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article